18 octobre 2014

Affrontements

Plus de James Franco qui prend soin de son gentil bébé singe, plus de happy end en demi-teinte dans ce film qui semble hériter du genre catastrophe/apocalyptique. Les images sont sombres, fini le temps du San Francisco baignant dans la lumière du soleil. C'est l'aube. Les images sont sombres, mais sublimes, et le talent d'Andy Serkis atteint un nouveau pic dans le rôle de César. On retrouve ce dernier en leader primate plus humain que le chef des homosapiens, régnant sur la nouvelle civilisation qu'il a réussi à construire avec sa nouvelle famille. Alors qu'on croyait l'espèce humaine décimée, une petite colonie survit dans la ville de San Francisco, coupée du reste du monde, inconsciente du danger qui la guette. Vient alors une rencontre, un face à face sous haute tension, comme le promettait le titre du film.
Andy Serkis, alias César. Tous les acteurs jouant les singes sont brillants, justes. La motion capture est une petite merveille, comme le film.

On pourrait d'ailleurs regretter la traduction de ce dernier. En effet, le titre original, Dawn of the Planet of the Apes (L'Aube de la Planète des Singes), a plus de sens, compte tenu de l'arrivée plus ou moins lointaine d'un troisième volet qui semble inévitable et qui verra, lui, l'Affrontement.
Si on va plus loin, le nom français de ce blockbuster estival ne saurait être plus faux. Car ce n'est pas un affrontement, mais DES affrontements qui nous sont ici montrés. 
L'affrontement singes-singes, et celui humains-humains, qui permettent de bien montrer qu'il y a du bon et du mauvais de chaque côté, évitant ainsi comme dans les Origines, le clivage "singes gentils-humains méchants". Le conflit humains-singes, inévitable. Comme le scénario est assez basique et convenu (mais ce n'est pas du tout gênant dans le cas présent, le plaisir est là), on a un effet miroir entre le personnage de Malcolm (Jason Clarke) et celui de César (ils représentent l'espoir, la volonté de paix, la figure paternelle), mais aussi, dans une moindre mesure, entre Dreyfus (Gary Oldman) et Koda (Toby KeBbell), paralysés par leurs défauts alors que le monde tente de changer.
Enfin, l'affrontement plus ou moins passif entre César et son fils aux yeux bleus et au regard triste. Peu importe l'espèce, chacun doit un jour trouver sa place, se démarquer, mettre au défi ses parents pour se créer sa propre identité, et donc, faire des erreurs, pour mieux rebondir, apprendre quoi. 
Et il n'y a pas d'âge pour ça. Car si Yeux Bleus grandit au fil de l'aventure, César aussi. Sa vision utopique de ses congénères se heurtre à la haine de Koba, singe défiguré, teigneux, revanchard et violent, qui nous fait plus frissonner que les psychopathes hominidés auxquels nous sommes habitués. Ainsi, le film s'ouvre-t-il sur un regard déterminé et fier du chemin parcouru, tandis qu'il se finira sur des yeux las et tristes. Comme Malcolm prend conscience que la perte n'a pas adoucie le cœur de tous les hommes, César apprend que la cruauté existe même chez les singes. 
L'intelligence permet de construire une civilisation, mais les émotions qui l'accompagnent la détruise (la haine de Koda, l'orgueil de Dreyfus, incapable de concevoir qu'une autre espèce que l'homme puisse être douée d'intelligence, la jalousie, l'envie...), et ce, peu importe la civilisation en question. Tel est le message du film. Animal, homme, tous sont soumis à la même loi implacable, prisonniers d'un cercle vicieux vieux comme le monde. 
Pour finir, je retiendrais le moment final où l'homosapiens et le primate s'étreignent, amis tous deux déçus par leurs espèces respectives, ayant vu leurs espoirs de paix anéantis. Puis, l'homme s'efface lentement au profit du singe, comme ce dernier l'a fait il y a des milliards d'années plus tôt pour lui. Malcolm et les spectateurs ne font alors qu'un : l'issue de l'Affrontement final à venir est écrite. Par l'histoire, la littérature...et le cinéma. 

Aucun commentaire :