18 juin 2015

Game of Thrones : bilan du dernier épisode

Comme lors de la saison précédente, le dernier épisode avait vocation à mener à bout toutes les intrigues développées dans le reste des épisodes. Et si le final de la quatrième saison était plutôt satisfaisant, ici, il reste un arrière goût de gâchis dans la bouche après que l'écran se soit éteint. 


Mother's Mercy 


L'épisode a commencé par retourner du côté de Stannis. La déception de ce côté là se situe peut-être dans le fait que l'on ne voit la bataille qui l'oppose à Ramsey que de loin, mais aussi parce que le suicide de Selyse ainsi que le départ de Melisandre se sont finalement fait de manière très brusque. C'est ce qui arrive quand on sait qu'il y a beaucoup de choses à montrer dans un épisode d'une heure. 

La confrontation entre Stannis et Brienne était la bienvenue, intéressante à regarder, mais l'issue reste trouble. Gwendoline Christie (Brienne) déclare dans des interviews que, oui, Stannis-le-brûleur-d'enfants est vraiment mort. Je n'y crois pas. Tout d'abord, parce que c'est beaucoup trop facile de l'éliminer comme ça. Et parce qu'on ne voit rien. Alors, s'il s'agissait réellement de sa dernière apparition dans la série, elle est ratée. Oui, parce qu'on ne voit pas Stannis mourir mais qu'on passe à Ramsey qui assassine un des soldats de l'armée défaite. Pour rapprocher les personnages de Brienne et du bâtard Bolton ? Pas très malin...Le doute subsiste et enlève toute poigne à ces scènes. 

Les scènes (très courtes) à Winterfell avec Sansa et Theon sont mes préférées de l'épisode. La jeune fille trouve les mots justes pour ramener la sèche à la raison, et ce début de fuite s'annonce prometteur, même si encore une fois je regrette que tout ça n'ait pas beaucoup avancé cette saison (ce qui est un peu un sentiment général pour toutes les intrigues). Je ne suis pas très objective, Theon et Sansa faisant parti de mes personnages favoris, sous-exploités et malmenés plus que de raison pendant cette saison 5. 

La discussion entre les alliés de Daenerys au coeur de sa salle du trône à Meereen était aussi très réussie. Cela donne très envie de voir la collaboration Jorah/Daario, et comment Tyrion, Missandei et Vers Gris vont réussir à restaurer (ou pas) la paix dans la cité conquise. Le retour de Varys est un peu trop opportun pour être totalement satisfaisant : on le retrouve quand Daenerys part, il vient combler donc combler un manque, pour que Tyrion ne soit pas tout seul, le pauvre chéri...Les scénaristes semblent beaucoup aimer la facilité cette saison. Et c'est dommage. 

Je suis également ravie de voir que, comme dans les livres, Daenerys va devoir affronter de nouveau les seigneurs Dothrakis. Un petit retour dans le passé qui devrait l'aider à redescendre sur terre, et peut-être à la rendre plus sympathique. 

Arya, de son côté, devient de plus en plus antipathique. Partout, je vois les gens dire qu'elle est "badass". Si c'est vraiment le cas, alors Joffrey aussi était "badass". La scène du meurtre de Meryn Trant était très réussi, mais je n'en peux plus de ce personnage : elle ne vaut pas mieux que les autres. Mais, ENFIN son intrigue avance...d'un pas de fourmi, avouons le. 

A Port-Réal, il semblerait que finalement, Margaery, Loras, Tommen etc. ne soient pas très importants puisqu'on n'a pas pris la peine de les montrer. Certes, il était judicieux de laisser la place au Walk of Shame, très malaisant à regarder, très intense, grâce au jeu de Lena Headey. Mais, dans tout ça, il manque encore une fois un aspect très important des livres : l'évolution de la relation Cersei/Jaime, qui prend un tournant lorsque la reine se fait emprisonnée. Surlignez si vous voulez savoir, à vos risques et périls : [.Cersei veut avoir recours au même stratagème que Tyrion lors de son procès et envois alors une lettre à Jaime pour le supplier d'être son champion, et lui dire qu'elle l'aime, alors qu'elle l'avait rejeté avant son départ de King's Landing. Jaime brûle la lettre et choisi de suivre une autre voie, encore une fois inexploitée dans la série, celle de Brienne..]. C'est dommage, parce que la montée en puissance des religieux, d'un autre côté, avait été très bien amenée. 

Au Mur, on assiste au retour de Melisandre, et sa confrontation avec Davos (qui n'est pas du tout là où il est censé être, ce qui me fait me demander ce qu'ils vont faire de lui par la suite...). Ensuite, je regrette également qu'encore une fois, on ait opté pour la facilité en ne voulant pas faire paraître Jon pour un méchant : dans la série, c'est Sam qui décide de partir, avec Gilly et son enfant. Dans les livres, Jon les oblige à partir, alors que les autres ne veulent absolument pas. (C'est même encore plus compliqué, à cause de l'enfant : Jon intervertis le fils de Gilly et celui de Mance Rayder que Melisandre voulait brûler, mais comme vous vous le dîtes en lisant cette phrase, rien de tout ça n'a été amené dans la série...Je pourrais vous raconter point par point les changements apportés, toutes les complexités qu'il manque dans la série, mais ce serait beaucoup trop long, alors je vous conseille de lire les livres pour apprécier encore plus ce que vous aimez dans la série). Mais bon, comme ils ont redonnés grâce au personnage du Lord Commandant pendant cette saison, on va dire que je leur pardonne, même si c'est trop facile. 

La mort de Jon est moins poignante que prévu. Je ne saurais dire pourquoi. Peut-être parce que je savais à quoi m'attendre. J'ai aussi remarqué que les musiques n'étaient pas très présentes lors de ce final : peut-être que le manque d'intensité vient de là, même si je pense plutôt que c'est le trop plein d'information en un seul épisode qui a donné ce résultat, de même que les morts qui restent finalement incertaines pour la plupart, laissant ainsi un sentiment de manque. 

Le gâchis sans nom est évidemment pour Dorne : pendant toute la saison, on a coupé les personnages importants, l'aspect politique, la complexité de ce territoire de Westeros. On y a envoyé Jaime et Bronn au lieu de suivre la véritable storyline de ces derniers, et pour quoi ? Ils n'ont servis à rien. Comme Brienne, d'ailleurs. A vouloir trop jouer avec les personnages, leurs motivations, leur parcours, on en vient à les rendre fade, et c'est ce qui me rend triste. 

Bilan général 


En résumé, on peut dire que la saison a avancé beaucoup trop lentement les intrigues, obligeant à bâcler un peu le dénouement, alors que tout ça aurait pu être un peu plus étalé sur le reste de la saison. Les storylines n'avancent pas beaucoup : c'est le danger quand on ne veut pas attendre d'avoir les écrits de GRRM pour base, et qu'on tient absolument à exploiter le filon parce que money money moneyyy. On avantage les personnages qu'on aime bien, on laisse les autres sans vraiment chercher à leur donner une histoire intéressante, on va à l'encontre de leur personnalité dans les livres. Comme je l'avais déjà dit, il ne suffit pas de dire "Mais GRRM a dit que ça allait peut-être arriver". Il n'est plus responsable de ce qu'il se passe dans la série, il n'y participe plus que de manière très lointaine. Rentrez vous ça dans le crâne, mes amis. 

La stratégie est-elle vraiment gagnante, D&D ? Les lecteurs sont de plus en plus nombreux à cesser de regarder la série, et ça se voit dans les audiences. Et comme les scénaristes n'ont plus de base solide, même les non-lecteurs voient finalement les failles et les manques. Tout le monde est au même niveau. 

Evidemment, on ne peut pas adapter une saga comme A Song of Ice And Fire à 100%, mais la série a pris un tournant radical après la saison 3, passant d'une adaptation magistrale presque à la virgule près, à un méli-mélo toujours agréable à regarder mais qui n'a plus grand chose à voir avec ce que j'ai aimé dans les livres. Certains changements se sont avérés judicieux, bien faits, et plutôt bien justifiés du point de vue de l'histoire de la série, mais d'autres, comme par exemple pour les storylines de Brienne, Jaime et des protagonistes de Dorne, ont au contraire fait perdre du souffle à la série. Dommage. 

 Game of Thrones reste géniale à regarder, même quand on ne peut oublier ce qu'on a lu dans ASOAIF, alors j'espère que pour la prochaine saison, les scénaristes réussiront à mieux "doser" l'avancement des différentes storylines.

Peut-être que je reprendrais cet article plus tard, j'ai l'impression d'avoir beaucoup trop d'informations à donner et donc d'être brouillonne...

9 juin 2015

Game of Thrones : Saison 5, épisode 9 : Review

Ayant été confrontée à des petits problèmes en postant mes avis sur les épisodes de GoT sur une autre plateforme (commentaires haineux à mon encontre etc.), je fais un dernier essai ici. Pour que tout soit clair : j'ai lu les livres. J'aime beaucoup la série. Mais je ne peux pas m'enlever les livres de la tête, d'une part parce que je n'ai pas de Pensine sous la main, et d'autres part parce qu'ils sont géniaux et remplis de détails important, et qu'ils constituent vraiment l'histoire de GRRM. Je trouve que les épisodes de la série sont très bien en tant qu'épisodes, mais pas en tant qu'adaptation. Je ne passe pas mon temps à râler sur chaque seconde de ces épisodes, mais j'ai quand même un regard très critique, notamment sur certains changements que je considère injustifiés. Maintenant, si vous ne supportez pas qu'on fasse un comparatif avec les livres, vous êtes donc au courant qu'il vous faut passer votre chemin, merci beaucoup. (J'ai quand même parfois l'impression de plus apprécier les épisodes que d'autres personnes qui trouvent ça "chiant" dès qu'il n'y a pas deux morts dans un épisode, mais passons). 

Cet épisode 9 était à mon avis un bon épisode, mais il y a un certain point qui reste très problématique (cette phrase pourrait résumer mon avis pour les saisons 4 et 5, en fait). J'ai quand même beaucoup moins de choses à dire que sur d'autres épisodes, peut-être car on ne voit pas beaucoup de personnages...

La partie avec Arya n'est toujours pas très intéressante, mais c'est aussi le cas dans les livres. Toute cette partie de l'intrigue traîne en longueur pour ménager l'effet pendant le dernier épisode, je suppose. 

La scène du Mur était très bien, la tension monte encore d'un cran entre Jon et ses hommes. Toute cette partie est merveilleusement bien montrée dans la série, c'est très prenant et encore plus intéressant que dans les livres. La série a réussi à me faire aimer ce personnage qui m'était devenu très antipathique pendant ma lecture d'A Dance With Dragons. 

Dorne...Encore une fois, je ne comprend pas l'utilité de toute cette storyline dans la série. Elle ne permet en aucune façon de faire avancer l'intrigue, tout simplement parce qu'on en a supprimé tout les enjeux politiques. Je me demande encore pourquoi Jaime et Bronn s'y sont retrouvés au lieu d'aller à Riverrun, mais bon, il semblerait que ce soit plus important. De même, les personnages des Sand Snakes sont tout simplement sous-exploités, les actrices surjouent et elles ne représentent en rien celles que j'avais perçue comme la badassité incarnée dans les livres. C'est dommage. Je ne dis pas que les scènes à Dorne ne sont pas agréables (surtout pour les yeux), mais, c'est un fait, lecteurs comme non lecteurs n'y voient pas d'intérêt. 

Ensuite, il y a la fin, centrée sur Daenerys. La montée en puissance des Fils de la Harpie a été très bien amenée cette saison, et atteint ici son apogée. Hizdhar meurt poignardé par un des Fils, ce qui tend à exclure la théorie selon laquelle il était la Harpie !!! Donc : qui est-ce ?

Dieu sait que je n'aime pas du tout le personnage de Daenerys, mais ses retrouvailles avec Jorah m'ont fait très plaisir : il a tendance à la rendre beaucoup plus agréable et moins despotique ! J'ai eu très peur pour Daario (on en a besoin, pour le moral, vous voyez). Sa relation avec Tyrion n'est pas beaucoup développée, et je me demande si elle le sera la saison suivante...tout dépend de l'endroit où atterri la Mother of Dragons ! Comme dans les livres ou pas ?? Le suspence est entier. En tout cas, l'apparition de Drogon était magistrale (mais ce dragon est plus développé que certains personnages secondaires, c'est normal ça ? Donnez nous Ghost plus de cinq minutes par saisons et j'oublierais peut-être cet affront).

Oui, pour moi c'est un gros problème : on donne beaucoup de places aux dragons, alors que dans les livres, ce sont les loups et les rêves de loups des Stark qui ont une place très importante. Je comprend que ce soit compliqué à montrer, mais ça a été fait, même si très sommairement.

Bref, pardon, je me suis égarée. Mais cet fin d'épisode était très bien, même si encore une fois je regrette que les scénaristes de la série favorisent le destin de leurs chouchous tout en massacrant d'autres personnages qu'ils n'aiment pas, en les faisant détester des spectateurs...Et l'heureux élu de cet épisode est : STANNIS.

Que les choses soient claire : la scène du bûcher était très émouvante, mais surtout vraiment insupportable. Ces cris...

Bref, sur la forme, tout va bien. C'est sur le fond que ça pêche et ce parce que... POURQUOI ? Encore une fois, j'ai des doutes sur les motivations des responsables de la série. Il n'y avait aucune raison de tuer ce personnage. D'ailleurs, dans les livres Stannis refuse qu'on touche à sa fille, il l'aime vraiment et ne cède pas (il dit même que s'il lui arrive quelque chose, il veut que son armée se batte pour que sa fille aille sur le trône de fer). Alors, certains sont venus m'agresser à coup de "Mais GRRM travaille sur la série, et ça va être dans le prochain livre !". N'empêche que ça va pour l'instant à l'encontre de ce que j'ai lu ("No burnings. Pray harder") et GRRM est beaucoup moins impliqué dans cette saison 5. Il ne le sera même pas du tout pour la prochaine. C'est facile de se réfugier derrière la casquette et les bretelles de GRRM, hein. 

Donc, pour moi, on bafoue ici les principes et motivations de Stannis en le faisant passer pour un gros con schizophrène qui change de personnalité à chaque épisode, et pour quoi ? Pour tuer une fillette. Parce que ça fait trash, bah oui, c'est Game of Thrones, c'est nous les plus trash. Je ne suis pas dans la tête des scénaristes et producteurs, mais c'est à ça que ça ressemble. D'où ma gène. C'est une perception comme une autre, peut-être que ce n'est pas du tout de ça. Mais le doute est permis quand on voit que leur seule arme de promotion est de dire "Ca va saigneeeeer, vous allez pleurer" au lieu de nous dire "Vous allez voir les personnages évoluent, l'histoire gagne en densité etc.". 


En tout cas, j'ai hâte de voir le final, qui s'annonce bien rempli vu tout ce qu'il leur reste à résoudre...Et vous, vous en avez pensé quoi ? 

8 mai 2015

Le démon d'Hell's Kitchen : Netflix voit la vie en rouge


Il y a de cela presque un mois, Netflix mettait en ligne sur sa plateforme l'intégralité des treize épisodes qui composent la première saison de Marvel's Daredevil (on peut aussi se contenter de Daredevil), créée par Drew Goddard et Steven S. DeNight et qui met en scène le célèbre héros au casque cornu. 

La série se déroule trois ans après la fameuse bataille de New York qui a vu s'affronter l'armée de Chitauris menée par Loki et les Avengers qui a dévasté la ville. Pendant cette période de transition de quelques années, les criminels ont profité du chaos ambiant pour prendre discrètement le contrôle de la ville, et plus particulièrement du quartier d'Hell's Kitchen, où a grandi Matt Murdock, avocat aveugle le jour, justicier (toujours aveugle) la nuit (quoi que, concrètement, lui-même ne doit pas voir une grande différence entre les deux...pardon). 

Cette première saison est en fait l'occasion de montrer comment le "vigilante" (terme péjoratif désignant un justicier qui s'approprie la loi et son application) devient pleinement le fameux héros, tout en introduisant brillamment un certain nombre de personnages provenant de l'univers des comics. 
De gauche à droite : Le Caïd, Claire Temple, Matt Murdock, Karen Page, Foggy Nelson
Commençons par celle qui est peut-être mon personnage préféré, j'ai nommé Karen Page, interprétée par la jolie Deborah Ann Woll. Dans les comics, la secrétaire de nos avocats est la femme qui ravit en premier le cœur du justicier (et qui restera l'un de ses "love interest" principaux), mais aussi celui de son associé Foggy. Ce "triangle amoureux" est retranscrit avec finesse dans la série : même si l'on perçoit clairement tout ce qui se joue entre ces trois là, rien n'est fait de manière trop pataude et on croit à l'évolution de leur relation (même si avouons que Foggy qui renoue avec son ex en fin de saison reste un peu trop pratique pour le scénario pour que le spectateur ne voit rien venir. Mais comme pour le reste, c'est un sans faute, on ne dira trop rien, promis). Il faudra attendre la suite pour voir l'amour de Matt et Karen se concrétiser : ils savent y faire pour nous donner envie. 


Là où le personnage est intéressant c'est qu'il n'est, heureusement pas voué à n'être qu'une demoiselle en détresse ou une secrétaire dont les autres tombent amoureux. Karen Page est un personnage fort, qui se bat pour ce en quoi elle croit et qui ose prendre des risques, mais auquel le spectateur peut toujours s'identifier car elle réagit comme vous et moi face à des situations qui nous dépassent, de par leur violence ou leur aspect irréel (c'est également le cas pour le personnage de Foggy, d'ailleurs). C'est un gros point fort de la série.

L'autre personnage féminin récurrent est Claire Temple (Rosario Dawson), une infirmière qui va aider Daredevil à conserver la santé (comment ça je prends des raccourcis ? En gros, c'est ça). Dans les comics, elle va mettre en place un service de nuit pour s'occuper des super-héros blessés. Sympa. Ici, sa relation avec Murdock est très agréable à suivre, et encore une fois, tout est fait subtilement.

Franklin « Foggy » Nelson est le meilleur ami et associé de Matt. Il est interprété par l'acteur Elden Henson. Ce personnage suit le schéma classique de l'adjuvant, c'est à dire celui qui va aider et soutenir le héros dans sa quête, pendant la première partie de la saison : le meilleur ami sympa toujours en retrait par rapport à son pote qui lui vole toutes les belles filles, mais qui compense par sa droiture et son soutien moral sans faille. Heureusement, la deuxième partie permet à Foggy de s'épaissir (non, ceci n'est pas une blague vaseuse concernant son poids, je parle du personnage en entier, promis) et de lancer une nouvelle dynamique avec Matt lorsqu'il découvre le secret de ce dernier. Certes, on pouvait sentir jusque là planer un léger conflit pacifique entre les deux au sujet de Karen, mais là, c'est la déchirure, et j'ai : adoré. Encore une fois, le personnage est réaliste, pose les questions qu'on aurait aimé poser à ce fichu justicier masqué et aveugle, bref, il réagit humainement quoi (c'est un peu la base du contrat de lecture que font les créateurs avec les spectateurs : on veut de la crédibilité!!!).

Ben Urich, interprété par Vondi Curtis-Hall, est un reporter œuvrant pour le New York Bulletin. Dans les comics, il travaille en fait pour The Daily Bugle, où il croisera, en plus de Matt/Daredevil, un jeune homme nommé Peter Parker, dont il découvrira aussi la véritable identité. Les droits de la franchise Spider-man, et donc du titre du journal appartenant encore à Sony à l'époque de mise en route de la série , il leur était impossible de l'utiliser. Le duo de ce personnage avec Karen était vraiment une bonne idée, instaurant une dynamique intéressante. Ben représente aussi en quelque sorte le médiateur entre le super-héros et le commun des mortels.

Dans l'épisode 7, nous découvrons également le personnage de Stick, joué par Scott Glenn. C'est un super-héros créé par Frank Miller, apparu dans Daredevil en 1981 : il fait partie des Chastes, un groupe de ninjas mystiques. Il est aveugle de naissance, et cette infirmité va le faire se rapprocher du jeune Matt Murdock, qu'il va entraîner, ainsi qu'une certaine Elektra. Dans la série, on s'attarde surtout sur la relation qui s'établit entre les deux aveugles : il veut un guerrier, Matt cherche un père. On s'apercevra que ce lien n'est pas si simple à concevoir que ça, puisque les personnages eux-mêmes s'y perdent. A la fin de l'épisode, Stick permet également aux scénaristes d'introduire un autre personnage mystérieux que l'on ne voit que de dos et qui semble s'intéresser de près à Daredevil. Si vous connaissez un peu les comics : La Main (mais Stick étant leur ennemi ça ne collerait pas) ? Le Hibou ? Bien joué, ça sent la saison 2.

Elektra n'est pas présente cette saison mais, si on tend l'oreille, elle est évoquée lors du flash-back qui nous montre Matt et Foggy à l'université : en effet, les deux super-héros se sont rencontrés lors de leurs études et sont tombés amoureux, avant de se séparer.

Première apparition de Wilson Fisk
Si la série met le paquet en terme de gentils, elle met aussi en scène l'un des méchants emblématiques de l'univers Marvel : Wilson Fisk (Vincent D'Onofrio), a.k.a. Le Caïd (ou The Kingpin en version originale), super-vilain qui a sévit chez Spider-man avant de migrer à Hell's Kitchen, où il a grandi. C'est l'ennemi numéro un de notre héros-démon. Le moins que l'on puisse dire, c'est, qu'encore une fois, le casting est parfait : intimidant, le Caïd porte bien son nom. Mais, en prenant le temps de poser ses motivations, qui ne sont pas si éloignées de celles de Daredevil, on évite le piège classique du «  je suis méchant pour être méchant ». Finalement, les deux partis ne sont pas si différents, et c'est ce qui rend le combat pour Hell's Kitchen si compliqué.

On ne peut qu'applaudir la façon qu'a eu la série d'introduire ce personnage : c'est un amateur d'art et de cuisine, timide, qui essaye de conquérir Vanessa. C'est cette histoire d'amour qui va également retenir notre intérêt pour ce personnage, pas si simple que ça. Il en va de même pour son amitié avec Wesley (Toby Leonard Moore). On rompt ici avec les stéréotypes classiques du méchant : HALLELUJAH. Et, en plus, contrairement aux super-vilains des films du MCU, celui là reste crédible de A à Z, et on espère le revoir par la suite.

Vous allez me dire « Oui c'est bien beau tout ça, mais et le protagoniste qui donne son nom à la série, Sherlock??? », et je suis d'accord : il est temps d'y venir. Matt(hew) Murdock, fils de boxeur, devenu aveugle en recevant des produits chimiques dans les yeux alors qu'il empêchait quelqu'un de se faire renverser par une voiture, est campé par celui qui a maintenant envahi et séduit l'Internet, j'ai nommé Charlie Cox, qui va sûrement relancer le commerce des lunettes rondes. Durant cette première saison, on assiste aux débuts du héros masqué, mais on prend également le temps de poser ses questionnements et hésitations, son rapport avec la religion, sa position sur la justice et la loi, bref, tous les enjeux qui caractérisent le personnage. Bon point.

Ces questionnements seront remis en avant quand Foggy découvrira le secret de son ami : quel droit a t-il d'agir ? Le fait-il pour les bonnes raisons ? Finalement, tout ça permet une réflexion intéressant sur les héros en général. De plus, les flash-back sont très bien utilisés : ils permettent d'en savoir plus sur le passé du personnage sans nous inonder de détails inutiles, tout en servant les thématiques des différents épisodes. On pourrait simplement regretter le manque d’interactions du personnage avec les autres, mais après tout, un héros est solitaire, et puis la fin de saison compense largement les manques du début.

Marvel et Netflix ont finalement peut-être trouvé le format idéal adapté aux super-héros : ces treize épisodes d'une heure permettent de plus développer la psychologie et les motivations des personnages, ainsi que les enjeux, ce qui manque parfois aux films (oui, je te pointe du doigt, Age of Ultron). Bref, on prend son temps. Peut-être d'ailleurs un peu trop, en début de saison, où on pouvait avoir le sentiment d'avoir des scènes de remplissage sous les yeux. Jusqu'au sixième épisode. A partir de là, tous les arcs narratifs sont véritablement mis en place et les épisodes s'enchaînent, plus rythmés et prenants.

Mais peut-être que tout cela tient au héros complexe qu'est Daredevil. Toujours est-il que le scénario est bien ficelé et évolue bien : tout se tient et est bien interprêté. De plus, la série bénéficie d'une photographie qui exploite pleinement l'univers du héros : c'est très sombre, sans pour autant que cela nous paraisse exagéré (prends en de la graine, Gotham). Bravo Matthew J. Lloyd (dont vous avez pu déjà apprécier le travail sur la série Fargo). On peut également noter un traitement intéressant des sons, qui vient prolonger le point de vue du héros et participe à nous plonger encore plus dans son monde, son mode de fonctionnement etc.

Daredevil offre des scènes qu'on se rappellera (je ne me plaindrais plus jamais quand je me coincerais la main dans la portière de ma voiture), de scènes d'actions bien chorégraphiées et bien filmées, loin d'être indigestes comme c'est parfois le cas dans certains films (hello again, Age of Ultron). Seule petite ombre au tableau pour moi : le casque du costume de notre héros, aperçu en fin du dernier épisode. Mais c'est juste pour chipoter un peu.

En tout cas, espérons qu'ABC en tire des leçons, car même si j'adore Agents of SHIELD, il faut avouer que tout n'est pas parfait, et on porte beaucoup moins de soins à l'esthétique, ce qui est dommage, parce que côté intrigues et personnages, la série envoie du pâté. Finalement, peut-être que c'est l'autre collaboration entre Marvel et Netflix, Jessica Jones, qui pourra confirmer ou infirmer ce constat.

Bon, maintenant, c'est pour quand la saison 2 ? 


11 février 2015

Promenade forestière

Après Les Misérables et son succès critique mitigé, on pouvait penser que les studios réfléchiraient à deux fois avant de nous proposer une comédie musicale. Que nenni. Alors voici Into the Woods, promenons nous dans les bois, réalisé par Rob Marshall pour Disney, où les histoires de Cendrillon, Raiponce, le Petit Chaperon Rouge et autres héros de contes de fées se voient revisitées et s'entremêlent  à celles d'inconnus (le boulanger et sa femme) pour deux heures de chansonnettes. 

Dès la sortie de salle se pose une question problématique : le spectateur est-il censé rire autant ? On l'espère. Car oui, si l'on regarde le film au trentième degré, il est fort sympathique, poussant à outrance les codes du genre. Mais, s'il était censé avoir une visée moqueuse (voire parodique), pourquoi ne pas être allé jusqu'au bout, au lieu de jongler entre différents tons ? (Me vient à l'esprit Galavant, nouvelle série qui est, pour le coup, vraiment parodique et qui s'assume). Au final, on ne sait plus trop sur quel pied danser : le film se prend-il au sérieux ou non ? Prenons par exemple le loup, incarné par Johnny Depp, qui est partout dans la promo alors qu'il n'apparaît pas tant que cela dans le film et qui est tout simplement risible. Bien entendu, c'est le but. Enfin il faut l'espérer, parce qu'avec un costume comme ça, on ne voit pas d'autres options ou alors ils étaient vraiment justes dans leur budget. 

Une fois passée cette question (pour laquelle je laisse à chacun le droit de se faire sa propre idée), et qu'importe la réponse, le film reste tout de même encore très étrange, mais pas désagréable, au fond. On pourrait surtout regretter sa longueur, surtout quand on sait que tout est chanté, avec beaucoup de moments qui s'étiraient inutilement. 

Le fil rouge que constitue le bois est très bien trouvé et donne un vrai sens au film. Cependant, et c'est ce qui rend le film long, comme nous l'avons dit ci-dessus, les nombreux personnages amènent un trop plein d'histoires différentes, dont certaines ne seront même pas exploitées jusqu'au bout, avec des rebondissements qui ne servent qu'à tirer sur la corde et à allonger la bande-son. Bref, un scénario risqué qui menaçait de faire tomber Mère-Grand dans les orties à chaque instant. 

La relecture des contes reste néanmoins très intéressante et le film nous offre une belle réflexion sur ces histoires que l'on croit connaître (via, la plupart du temps, les dessins-animés Disney, d'ailleurs...). ENFIN, les contes ont droit à une version un peu plus subversive et cruelles pour certains (eh oui, les vilaines sœurs de Cendrillon se font bien couper les orteils afin de chausser la précieuse pantoufle). D'ailleurs, le happy end mitigé du film fait du bien (oui, parce qu'on en a marre que les choses finissent bien, c'est d'un barbant), surtout qu'on en retrouvera un avec le prochain Cendrillon (réalisé par Kenneth Branagh avec Richard Madden et Lily James, qui sortira en mars). 

Bref, le bilan est aussi divisé que les cheveux de Cruella. Into the Woods reste tout de même sympathique à voir une fois, pour rigoler un peu. Son esthétique est belle, et il permet de (re)découvrir le talent de chanteuse de Meryl Streep et d'observer l'envol de James Corden, grande révélation du film. Mais la visée en est trop brouillonne pour permettre un avis tranché : sérieux ou pas sérieux ? 

5 février 2015

Monstres, machines et héros


The Imitation Game, donné favori des Oscars depuis son passage remarqué au festival de Toronto, est un biopic retraçant l'histoire du père de l'intelligence artificielle, Alan Turing (Benedict Cumberbatch), génie homosexuel qui permit aux Alliés de décoder la machine nazie Enigma, et  de ce fait la victoire du bien sur le mal. Un travail pour lequel il ne sera jamais remercié de son vivant.

Le film reprend donc des thèmes auxquels nous sommes habitués, et un thème d'actualité : l'intelligence artificielle. On retiendra particulièrement la scène d'interrogatoire de Turing, qui met en avant le problème posé par le qualificatif qu'on pourrait employer pour décrire la machine qu'à construit le génie anglais, et qui peut s'appliquer à lui-même : "Am I a machine ? Am I a war hero ? Am I a criminal ?"

De même, le personnage joué par Keira Knightley permet autant d'amener une dimension féministe au film que de rendre Alan Turing plus humain, à nous en émouvoir jusqu'aux larmes (la scène de fin m'a été fatale). Et si l'actrice joue comme elle en a l'habitude, d'autres tirent leur épingle...du jeu, justement. Je veux parler de Matthew Goode et Allen Leech, impeccables, de même que Charles papa-Lannister Dance. Mais aussi, évidemment, de Benedict Cumberbatch. Si sa performance ne bluffera pas tout de suite les fans de Sherlock, habitués à le voir dans le rôle d'un génie antipathique, la seconde partie du film aura de quoi combler tout le monde. L'acteur prouve qu'il peut amener une sensibilité infinie à son personnage. Tout est juste, sans trop en faire, avec ce talent et cette retenue qu'on retrouve chez beaucoup d'acteurs british. 

Ensuite, si l'on peu reconnaître une qualité principale à ce film, c'est qu'il nous fait oublier pendant les trois quarts de sa durée que l'on regarde un biopic. En effet, on se croirait dans un thriller, et on se laisse volontiers embarqué dans la course à la montre menée par cette équipe anglaise de choc. Le rythme est soutenu, de même que notre attention. 

Cependant, ce n'est pas un sans faute, car The Imitation Game tombe dans le piège habituel des biopics bien propres sur eux. Ce besoin de finir sur un faux happy end pour ne pas choquer, avec, ensuite, sur fond d'images montrant un feu de joie plein d'allégresse, la véritable fin écrite sur l'écran. En effet, c'est le cas pour presque tous les films de ce genre. Mais est-ce vraiment nécessaire ? Ne peut-on pas prendre cinq minutes de plus pour montrer les choses (ce qui est quand même le propre du cinéma) ? 

Ce petit bémol fait ressortir de la salle avec un goût amer, alors que tout avait si bien commencé. Le film est rempli d'émotions, sans pour autant basculer dans le pathétique, mais cette ode à la différence  aurait été beaucoup plus poignante si l'on avait terminé sur le suicide de Turing. Certes, cela aurait été très triste et choquant. Mais cela aurait été tant mieux. Parce que faire un biopic sur ce personnage hors norme, le sortir de l'ombre, vouloir faire valoir ses droits mais ne pas assumer sa fin tragique, c'est refuser d'aller jusqu'au bout.