9 novembre 2014

Doctor Who : TARDIS en chute libre


Hier soir était diffusé Death in Heaven, épisode marquant la fin de la saison 8 de la série britannique, diffusée sur BBC One, sonnant ainsi l’heure du bilan.

Tout d’abord, ne tombons pas dans la facilité en adhérant au « Moffat bashing ». Il est vrai qu’il peut être tenu pour responsable puisque son poste d’headwritter lui donne les pleins pouvoirs pour décider des arcs de la saison, mais la série n’est pas que son œuvre, c’est un travail collectif.  Maintenant que cela a été posé, passons au débriefing de cette saison.

Peter Capaldi est sans nul doute le gros point positif de cette saison. Tout en retenu mais aussi brillant que ses prédécesseurs, il incarne le Doctor avec brio. Là où le bât blesse, c’est que, malheureusement, on ne lui a pas donné un beau rôle. Twelve est souvent détestable et ne possède pas de personnalité propre, il manque ce petit quelque chose qui différenciaient les Doctor les uns des autres (un thème, un sonic, un gimmick, une âme...). Il est dommage de s’auto punir comme ça, alors qu’on a un acteur brillant qui ne demande qu’à faire ses preuves.

Et si l’alien aux deux cœurs n’inspire pas la sympathie, toute l’attention est portée au personnage du compagnon. A tel point qu’on se demande si on ne regarde pas plutôt Clara Who. Hors, il a été prouvé par le passé qu’on peut donner de l’importance à un compagnon sans pour autant en éclipser le Doctor, personnage principal et fondateur de la série, mais il semble que les scénaristes en aient décidés autrement…Oui, Jenna Coleman est très mignonne, elle joue bien, c'est vendeur, mais ce n’est pas une raison pour donner à Clara plus d’importance qu’elle n’en mérite.

La conséquence principale de cela est qu’on néglige les intrigues. Gallifrey ? Que nenni. Il est bien plus intéressant de suivre la vie amoureuse de la petite anglaise. Les épisodes de cette saison 8 semblent tous être un reboot  version blockbuster spectaculaire des saisons avec David Tennant, comme si on souhaitait montrer qu’on est capable de se débrouiller sans Russell T. Davies.

Erreur. Car si les épisodes de ce dernier étaient si captivants, c’était parce qu’ils étaient humbles et simples. Ce qui n’est pas le cas ici. A la place, on à droit à des intrigues inutilement tarabiscotées qui perdent le téléspectateur et donnent un sentiment de vide intersidéral aux épisodes, comme si on ne restait que pour le plot twist, censé à lui seul donner un sens et un coup de génie au reste. 

Il serait temps de comprendre que le spectateur n’est pas idiot, et qu’il jugera l’épisode dans son entièreté, et non pas sur un rebondissement de l’intrigue qui se veut intelligent mais qui, au fond, est juste un moyen de donner de l’intérêt à ce qui n’en a pas. Il n'y a qu'à voir la façon dont on fait la promotion des épisodes : on nous vend de la tristesse et des morts plutôt qu'une histoire. Même l'humour pourtant si caractéristique de la série est aux abonnés absents (sauf peut-être dans l'épisode Robot of Sherwood). 

Et le season final, en deux parties est la parfaite représentation de tout cela. Le rythme manque dans Dark Water : on contemple, mais on ne sait pas quoi, parce que tout l’épisode tiens dans les deux dernières minutes. Youpi, 40 minutes de perdues, "mais ne vous inquiétez pas, vous allez autant pleurer qu'avec Donna, Rose ou Amy parce qu'on est cruels, c'est bien connu". A trop vouloir en faire, on se perd, et on en oublie les bases du récit : l’empathie que doit ressentir le téléspectateur pour les personnages et la profondeur, qui ne vont pas l'une sans l'autre. On ne peut cependant pas les obtenir en se concentrant sur le futile et l'envie de plaire à tout prix. Ce principe de sabotage de ses propres efforts est assez pénible à regarder.

Si seulement l’équipe pouvait comprendre que ce qui fait l’originalité et l’authenticité de la série, c’est le synopsis de départ : le Doctor qui part vivre des aventures avec une jeune terrienne. Pas besoin d’en rajouter, le concept se tient de lui-même. Ah, elle nous semble déjà loin l’époque où on nous promettait un retour aux sources avec Twelve.

On retiendra donc Peter Capaldi, et, je n’en ai pas beaucoup parlé mais le personnage de Clara était plus « vrai » que dans la saison 7, ce qui consiste donc en une grande avancée, même si encore une fois on peut déplorer l’ombre que cela a jeté sur le Doctor. Les passages éclairs de plusieurs personnages secondaires seront vite oubliés, et le retour d’un autre est raté. On nous offre du vide déguisé, comme si le TARDIS était bloqué au fond d'un trou noir. Bref, un bilan pas positif du tout, qui pourrait avoir raison de la passion des fans.

Bien sûr, après avoir suivi les aventures du Doctor pendant si longtemps, et en avoir été enchanté, il serait dur d’arrêter la série, et beaucoup continuerons donc par habitude et avec beaucoup d’espoir dans leurs petits cœurs de sériephiles (oui, je parle de moi…oups). A suivre, donc, en croisant nos tournevis soniques. 

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